ARRÊTEZ !!! Arrêtez de vous mettre à la place des victimes !

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Reseaux sociaux denonciation abus

Vous l’avez remarqué, je ne suis pas vraiment présente en ce moment… En tout cas, je ne vous donne pas beaucoup de signe de vie. Ça brasse chez nous – et par chez nous, je veux dire dans ma tête, dans mon coeur, dans toute mon existence en fait.

Je suis une fille de réseaux sociaux, une fille du net comme on dit. J’aime ça. J’ai toujours eu plus de facilité à m’exprimer par écrit. Pour une introvertie comme moi (avec un beau trouble d’anxiété), j’ai pu faire grandir la personne que j’étais à l’intérieur et que je ne laissais pas souvent sortir ‘dans la vraie vie’ grâce au net.

Aujourd’hui, je suis en train de faire tout un ménage : des gens à qui je suis abonnée, des gens que je gardais dans mes ‘contacts’, des entreprises également. Personne ne connaît les défis de personne… Personne ne sait comment un événement a pu nous briser le coeur ou briser une partie de nous… Une partie de soi qui ne reviendra jamais. Personne ne sait qui a déjà été (ou est) une victime.

(Ce que j’ai pu lire aussi avec le mouvement Black Lives Matter m’a vraiment fait mal. Ça m’a ouvert les yeux sur une société qui a oublié d’évoluer complètement. J’ai pleuré d’incompréhension, d’empathie… J’ai beaucoup lu pour comprendre, parce que je ne le vis pas et je ne le vivrai jamais, mais je suis prête à parler pour éduquer mon entourage, pour amener ma petite campagne à s’agrandir les yeux et le coeur.)

Jamais trop tard

Par chance, j’ai commencé à consulter un psychologue en début de pandémie, pour démêler plein d’affaires et pour mieux me comprendre et me faire comprendre à mon entourage. Et il s’avère que dans nos échanges, on est revenu sur mon passé… sur une de mes relations qui a duré 6 ans – et en 5 minutes, mon psy a résumé cette relation en un mot : ABUS. Abus sexuel et psychologique.

C’est honteux, hein ? 6 ans que j’ai ‘accepté’ ça. 6 ans que j’ai accepté de me faire démolir de l’intérieur, de me faire perdre toutes mes valeurs, d’en être réduite à être la blonde de l’autre. Parce que Mélissa, elle n’existait plus. C’est seulement 14 ans plus tard, avec les mots de quelqu’un d’autre, que je constate réellement que j’ai vécu des viols à répétition et tellement de manipulation… J’étais prisonnière.

J’ai été sous l’emprise durant 6 ans, et j’en constate encore les dommages presque quinze ans après. C’est honteux, hein ? Ben non, justement. Ce qui est honteux, c’est de juger les autres en regardant le peu qu’on a vécu nous-mêmes, et qu’on pense être le bon sens. LA VIE NE SE LIMITE PAS À CE QUE VOUS CONNAISSEZ.

C’est pas de l’abus, elle l’aimait !
– C’était clairement son choix de rester là, elle a juste à se blâmer elle.
– Au moins il l’a jamais battue !!!
– Elle était en couple, c’est sûr qu’il avait pas besoin de vérifier son consentement.
– Mais on connaît juste une version de l’histoire hein… On ne sait pas la vraie vérité, on doit laisser le bénéfice du doute…
– Elle lui a juste croqué une patte, j’ai déjà fait bien pire pis personne m’a détruit pour ça.
– J’ai vu à quel point elle était aguicheuse. Tsé, rendu là, on peut rien faire.
– Mais le gars s’est excusé : faute avouée, à moitié pardonnée, comme on dit.

Ça, c’est le genre de commentaires que j’ai eu la chance de lire dans la dernière semaine sur les réseaux sociaux… Tsé, des gens qui savent tellement de quoi ils parlent, des gens qui jugent parce que les autres osent parler, osent DÉNONCER !
Des années plus tard parfois… C’est vrai hein, qu’en sortant d’un abus, tout ce qu’on pense, c’est d’aller porter plainte. Bah oui, j’y avais pas pensé… si vous saviez.

Victime - viol - denonciation
*source : Unsplash
Si vous saviez

Si vous saviez, à quel point le processus est long. Quand on revit un petit bout de malaise, un peu n’importe quand, et on a juste le goût de l’enfermer pour pouvoir profiter d’un peu de bonheur, au lieu de brasser de la vieille marde. Mais ça revient toujours… Toujours. Le bonheur est toujours un peu teinté, toujours un peu amer.

Si vous saviez à quel point on essaie de se réparer par nous-mêmes, qu’on essaie de juste passer à autre chose, qu’on essaie de se convaincre qu’on ne méritait pas ça…

Jusqu’au jour où on lâche prise et qu’on laisse tout ça ressortir. Parce qu’un coup que ça sera sorti, on pourra enfin prendre soin. Mais pour ça, faut être prête et faut être bien entourée, et faut être capable d’espérer un demain plus doux. Ben oui, on espère ça même deux ans après, même 10 ans après… même 14 ans après.

Alors ARRÊTEZ ! … Arrêtez de vouloir reprendre les histoires de toutes et de chacun pour les justifier à votre façon. ÇA NE VOUS APPARTIENT PAS ce qu’une victime décide de faire avec son histoire.

J’ai tellement minimisé la mienne en disant que j’avais été brisée en tant que femme, mais que tsé aujourd’hui ça allait. BEN NON ! J’étais dans le déni total, parce que j’avais tellement honte d’avoir vécu ça, d’avoir permis ça… D’avoir perdu autant, d’avoir été autant détruite. Lorsque je me suis sortie de tout ça, je voulais juste voir ma force grandir pour ne plus être vulnérable comme je l’avais été.

Quand une victime parle, c’est pas pour détruire l’autre personne ni pour détruire sa ‘carrière’. C’est pas par vengeance : c’est pour que les choses changent. C’est pour se permettre d’évoluer, c’est pour VOUS PERMETTRE d’arrêter d’idolâtrer des personnes malsaines.

Personne ne mérite de vivre d’abus, peu importe sa forme. Personne ne devrait avoir peur de dire la vérité, peu importe la vérité. Personne ne devrait avoir à préférer dévoiler son histoire sur les réseaux sociaux… mais c’est la réalité de notre société.

Alors peu importe la voie empruntée par une victime, soyez à l’écoute : c’est juste ça votre job.

Soyez empathiques, soyez doux, soyez attentifs… Vous avez pas besoin de parler.

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