On a tendance à passer sous silence la fin de notre cycle hormonal mensuel, en d’autres mots nos règles. Pourtant, à raison d’une fois tous les mois, c’est tout de même étrange de ne pas aborder plus ouvertement ce sujet ô combien intense. Avec ça vient la logistique associée : les produits d’hygiène féminine.
Par pudeur ou gêne, on se tait. Pourtant secrètement, nous voulons toutes qu’une bonne amie nous conseille, nous dise que c’est normal, qu’il ne faut pas s’affoler, ou qu’en si prenant de telle manière, ça aiderait, etc.
Nous avons toutes un cycle différent, des appréhensions ou non, des humeurs et des sensations dans notre corps propres à chacune. Par contre, nous avons toutes un point commun : la nécessité d’investir dans des solutions pour contenir notre flux…
On a toutes été gênées au moins une fois dans notre vie, en passant à la caisse avec une boîte de tampons, ou pire un paquet de serviettes ultra maxi géantes…
Ça c’était ma vie avant… Avant quoi ? Avant que je me déniaise.
Je m’explique… Même en tant qu’écolo dans l’âme, j’ai mis du temps à passer à des solutions moins polluantes. Pourquoi ? Je déteste la vue du sang. Je la tolère, mais plus vite c’est loin de mes yeux (et de mes doigts), mieux je me porte. Ça me lève le cœur. Je ne suis même pas capable de me mettre un pansement quand je me blesse… Mes enfants sont en danger, je serais incapable de les soigner… Ouf je n’ai pas d’enfants, double ouf, ils auront un père…
Je m’égare. Je ne reviendrai pas sur le fait que les objets à utilisation unique ou jetables sont une vraie calamité pour l’environnement. On est entre nous, disons que c’est une réalité acquise.
Jamais trop tard
J’ai débuté avec la coupe menstruelle, et ce n’est que longtemps après que j’ai opté pour les serviettes réutilisables.
Pourquoi tant de temps pour m’y mettre ?
- Le manque d’information
- La peur de payer trop cher pour un produit que je n’utiliserais pas
- Le dégoût (allez, soyons honnêtes, c’est dégueu, on se passe de détails, han…)
- La paresse, car qui dit réutilisable, dit lavable, dit “je dois faire des efforts”
- Le jugement des autres – passer pour différente, grano, étrange, hippie, folle, etc. Mais ça les filles, c’est juste dans notre tête. On s’en fiche de ce que pensent les autres…
Comment je me suis décidée à acheter des protections réutilisables ?
Ma meilleure amie s’était mise aux couches lavables pour son bébé, comme de toute manière elle devait laver les dégâts et les fesses de son rejeton. Je me suis dit : « Hey, du sang c’est quand même moins intense qu’une couche ! »
Ça m’a décidé.
Mais que choisir ?
Sérieux, taper serviettes réutilisables dans Google, c’est freak. Aussi gênant que de tomber sur une pub de porn (j’exagère à peine, mais tout le monde comprend ce que je veux dire).
… Est-ce que quelqu’un va me voir, est-ce que ça va se savoir ?
Je me suis laissée porter par le témoignage d’une maman blogueuse. En plus, elle avait un code promo.
J’avais donc un avis, des commentaires personnels d’un vrai humain et, en prime, la possibilité d’économiser un peu. Bonus à la clé, les produits étaient de facture québécoise, faits de matériaux écologiquement raisonnables, en somme : tout ce qu’il faut pour me faire craquer.
Dans les faits, j’ai commandé un ensemble de 6 serviettes : deux pour tous les jours, deux pour les flux réguliers, deux pour les flux plus importants. À la base, j’ai des règles hémorragiques, j’utilise une coupe que je vide, genre, aux heures (l’enfer sur terre). La protection est là surtout pour éviter les débordements, mes oublis et les catastrophes.
J’ai été totalement satisfaite de mes deux premiers modèles. Le dernier était tellement immense que je n’ai jamais utilisé ce format. Le régulier était limite trop grand, c’était le seul défaut que je trouvais au début. Depuis je suis passée aux shorty durant ces quelques jours, histoire que mes fesses soient plus couvertes. (J’ai honte et pas honte à la fois…)
Par la suite, je me rends compte que selon ce que je porte, le tout ne reste pas forcément en place. J’ai réglé cette problématique en devenant la reine des leggings ! Des leggings, c’est comme vivre en pyjama à la journée longue (le bonheur).
Ensuite, vient la partie la moins cool. Le lavage.
Je me fais violence chaque mois, en me disant que je fais cet effort pour la planète et pour ma santé. (Oui, parce qu’on veut se tenir loin de toutes les substances louches composant les protections jetables…)
Ainsi, je me suis mise en tête que j’allais laver mes serviettes à la main, au savon de Marseille (un vrai de vrai) et à l’eau pas trop chaude (l’eau chaude fixe les taches).
Donc oui, je me tape un lavage, plusieurs fois par jour, et oui c’est vraiment plate. Je laisse tremper le reste de la journée (ou la nuit) dans une eau propre et savonneuse, puis je laisse sécher jusqu’à ce que se pointe la première journée de lavage.
Le lavage à la machine n’a rien de sorcier. Je lave ça avec les serviettes et les débarbouillettes à l’eau chaude (mais pas l’option la plus chaude) avec de la lessive écolo achetée en vrac, et puis c’est tout. Le séchage se fait à l’air libre, mais j’évite la corde à linge (j’ai un peu de self love quand même).
Une fois bien sèches, elles retrouvent leur petite pochette en tissu toute cute, jusqu’à la nouvelle bataille sanglante…
Une fois de temps en temps, je blanchis le tissu avec du percarbonate de sodium (au pré-lavage à la main) et je jette le tout direct dans la machine à laver. Tu trouves ce petit miracle du lavage dans les magasins en vrac, certaines pharmacies ou des magasins d’alimentation naturelle.
Une habitude à prendre
Utiliser des protections lavables, donc réutilisables, ça intimide et ça peut rebuter au début. Mais qu’on se le dise, c’est juste une habitude à prendre, une appréhension à dépasser.
Puis au final, ça devient une méga fierté. Être différente, c’est juste dans notre tête : faire des choix, c’est personnel. Ce n’est pas nécessaire de l’annoncer haut et fort, ça peut rester bien secret. Sauf si tu vis avec d’autres humains, c’est préférable d’annoncer, qu’au même titre que tes petites culottes, ces bouts de tissu font partie de ton jardin à toi.
Nous sommes toutes différentes, puis tu n’as pas à te sentir mal ou anxieuse si tu n’es pas une adepte. Ce qui marche pour les unes peut devenir une vraie catastrophe pour d’autres, et il n’y a aucune honte à cela.
Quoiqu’il en soit, dans mon cas, il m’est arrivé d’utiliser des serviettes jetables (genre je suis à l’aéroport, mon avion part dans 1h et je suis en avance sur mon calendrier).
J’ai dû acheter un paquet complet, ça m’a brisé le cœur, mais j’ai survécu.
C’est avec joie et enthousiasme que j’ai laissé la boîte en libre-service avec un gentil mot dans le vestiaire de mon gym. Et tu sais quoi, elle a fait plusieurs heureuses, tellement qu’à présent le centre en propose lui aussi sur une base régulière. C’est un déchet qui pourrait être évité, mais je suis certaine que plusieurs y ont vu une lumière salvatrice à un moment bien dramatique de leur mois…
Bref, si tu souhaites passer aux serviettes réutilisables et que tu ne sais que faire des jetables qui te restent, voici quelques options :
- les utiliser jusqu’à la dernière ;
- les donner ;
- en garder quelques-unes (pas trop) « au cas où »;
- les brûler en scandant des chants de libération (euh non, ne les brûle pas, c’est mauvais pour les voies respiratoires).
La meilleure option reste d’en faire don à quelqu’un qui va vraiment les utiliser. C’est gênant, je sais. Sinon, et c’est ce que j’ai fait pour mes produits cosmétiques, les centres de réinsertion ou d’accueil pour femmes sont toujours preneurs. Et ils sont vraiment contents d’avoir ce genre de produits, car c’est une grosse dépense pour eux…
Pour finir, parce que si tu m’as lu jusqu’ici c’est que le sujet te parle, prends le temps de me dire ce qui te bloque ou, au contraire, ce que t’a apporté le virage vers le réutilisable. Adepte ou pas, ton expérience servira à coup sûr.
Le réutilisable c’est bien, mieux si ça te convient, mais ce n’est pas pour tout le monde et ce n’est pas un drame. Mais tu l’auras quand même deviné, je t’encourage vraiment à au moins essayer.
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