La symbolique avant tout – par Mylène
Le terme tattoo a été rapporté en Europe par l’explorateur anglais James Cook. Nous lui devons la découverte des îles de la Polynésie autour de 1772. Dans les faits, c’est son docteur de bord qui utilise ce mot pour la première fois.
Le terme vient du tahitien tatau qui signifie marquer ou écrire.
Si l’écriture n’existe pas dans la culture polynésienne, les habitants ont su marquer leur mémoire directement sur leur corps. Ainsi, par ses tatouages, un individu pouvait se distinguer selon son rang, son clan, sa lignée ou encore ses faits guerriers et héroïques.
Bien qu’ils furent décriés et même interdits par les missionnaires religieux, les tatouages font aujourd’hui partie intégrante de la culture polynésienne.
J’ai la chance d’être née et d’avoir grandi dans ce paradis… Adolescente, avoir un tatouage n’était pas toujours bien vu : souvent associé aux personnes de mauvaise éducation, aux clans et (soyons honnêtes) aux délinquants, avec ce côté un peu rebelle qui rappelle la piraterie.
J’ai malgré tout décidé de m’en faire un. J’ai réfléchi longuement, non seulement sur la position qu’il aurait, mais aussi sur la signification qu’il revêtirait. Il était important qu’il raconte une histoire, qu’il soit rattaché à mes origines et à mes racines.
J’ai finalement fait deux tatouages dans mon dos (une partie qui est cachée par les vêtements) : un au niveau du chakra du cœur et le second au niveau du chakra sacré. (Oui, je suis allée loin dans la symbolique…)
Le premier représente une tortue (mon animal totem), symbole de longévité, de sagesse, de paix et de confiance. Chez nous, la tortue est un animal sacré qui fait le lien entre la mer (nos origines, notre richesse) et la terre (notre habitat, notre protection).
Le second représente une croix marquisienne, symbole des îles qui ont vu s’égrainer les premières années de ma vie. On y voit représenté :
– un triangle, signe de force ;
– deux étoiles filantes en souvenir de nos ancêtres navigateurs ;
– une pointe, qui pourrait être vue comme un signe guerrier mais il s’agit davantage d’une flèche qui pointe vers l’avenir et vers la continuité ;
– et évidemment, la croix pour la droiture et le respect.
Chacun décide de marquer sa peau pour diverses raisons. En ce qui me concerne, le côté esthétique est venu en second plan. J’ai avant tout souhaité m’imprégner, de manière indélébile, des valeurs qui me sont chères et de symboles liés à mes origines tout en étant tournés sur l’avenir.
Aujourd’hui, mes deux tatouages sont la plupart du temps précieusement dissimulés sous un vêtement, mais ils ne me quittent jamais. S’ils sont moins esthétiques et extraordinaires que ceux créés de nos jours, ils protègent une histoire, mon histoire.
Jamais trop tard – par Manon
Mes enfants m’ont amenée très souvent à dépasser mes peurs. J’en aurais long à raconter à ce sujet…
Cinquante ans, c’est le nombre d’années que ça m’a pris pour avoir le courage d’aller faire mon premier tatou. En réalité, le courage a été pour bien peu dans cette aventure. C’est ma fille qui m’a offert un certificat cadeau pour mes 50 ans. Depuis tellement longtemps j’en parlais. Pour moi, ce symbole allie la beauté d’une œuvre et une signification profonde. Je dois vous faire une confidence, quand je vais pour une prise de sang, je viens les jambes toutes molles et cela alimentait ma crainte d’aller me faire un tatou. Quand ma fille m’a dit “Mom, on y va ensemble”, c’était du sérieux. Je me suis dit, j’en rêve depuis si longtemps, c’est ma chance…
Ce fut un moment magique pour moi, partagé avec ma fille Marie-Eve. Fierté de l’accomplissement, courage de passer à l’action, défi d’aller au-delà de mes limites et choix d’un symbole qui est très important pour moi : LE PAPILLON, transformation, liberté, légèreté. Il est magnifique, le voici :
Cela m’a amené à un deuxième tatou, lorsque mes deux filles sont parties de la maison. Un tatou qui m’a aidée à lâcher prise comme on dit. Un symbole choisi à trois, car cette journée-là, on a été tatouée du même symbole.
Un autre moment magique, partagé avec mes deux filles. Il représente un lien physique et spirituel très fort entre nous trois. Peu importe les chemins que l’on suit et la distance qui nous sépare, on sera toujours là les unes pour les autres.
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